“Trois Gouttes de Lait” est une chronique du mémorialiste Pierre de l’Estoile (1546-1611) exhumée par Henri Gougaud dans un recueil de contes populaires intitulé La Bible du Hibou, publié en 1993 aux éditions du Seuil.
Nous avons réalisé un Kamishibaï à partir de ce conte en puisant des images dans les peintures de la Renaissance jusqu’au 20ème siècle. Il s’agissait de rebondir sur l’appétit de l’enfant en lui proposant des outils de projet tels que les cartes heuristiques et en l’accompagnant dans la recherche documentaire. Nous relatons cette aventure et livrons, à titre d’exemple, les fichiers que nous avons collectés, afin de partager l’enthousiasme que suscite pour nous le Kamishibaï.
Apports pédagogiques
- Travail en mode projet
- Recherche documentaire
- Compréhension du récit
- Développement de l’oralité et de la lecture
- Découverte des courants de peinture
Éléments de compréhension
Auteur de chansons, romancier, conteur, Henri Gougaud collecte aux quatre coins du monde cette part de mémoire collective contenue dans le conte. Il livre ainsi cette parole de la nuit des temps, avec humour, tendresse, poésie et le brin de paillardise qui affleure parfois sous ces trames populaires.
On lui doit également de nombreux romans sur l’histoire des cathares avec notamment Bélibaste qui retrace la vie du dernier parfait cathare en pays d’Oc, ainsi que des récits sur le chemin de l’initiation et de la spiritualité dont, Les Sept Plumes de l’Aigle.
Le répertoire des contes collectés par Henri Gougaud est extrêmement riche ; dans le tour de France de La Bible du Hibou, il est un conte que nous avions isolé qui s’intitule “Trois gouttes de lait”. Ce recueil de contes se trouve facilement en bibliothèque.
L’histoire raconte comment un Napolitain épris d’amour pour une belle cordonnière fait appel à la sorcellerie pour la rendre amoureuse de lui. Pour cela, il doit obtenir trois gouttes de lait de son sein. La dame, méfiante face à une telle demande offre, sur les conseils de son mari, du lait de leur chèvre afin de se mettre à l’abri de tout envoûtement. C’est ainsi que la chèvre de la cordonnière, furieuse d’amour se rend chez le Napolitain escortée par une foule de curieux.
Les étapes de réalisation
Au-delà de l’expérience personnelle, nous avons voulu décrire dans cet article, un processus d’adaptation d’une histoire en Kamishibaï, avec le choix simple de puiser dans les peintures de la Renaissance au début du 20ème siècle pour l’iconographie. Ce détournement du contenu d’oeuvres peintes pour illustrer notre Kamishibaï est probablement la partie la plus exigeante tout en étant la plus ludique. Nous livrons les fichiers que nous avons réalisés pour le cas où certains seraient intéressés par ce conte, mais avant tout, il s’agit de donner à voir comment chacun, dans le cadre de la famille ou à l’école, nous pouvons adapter des histoires en Kamishibaï, pourvu que l’envie naisse de l’enfant, et aborder la lecture et la prise de parole sous un tout autre angle.
Nous avons eu tout d’abord recours aux cartes heuristiques pour élaborer le projet et travailler sur le récit. il s’agit là d’un outil efficace pour une visualisation arborescente du projet et pour une meilleure maîtrise du processus de réalisation.
Les étapes du projet
Notre première carte heuristique permet d’avoir une vision globale du projet tout en le subdivisant en tâches. Communément, ces tâches sont traitées de manière chronologique, mais avec une telle vision d’ensemble, on peut satisfaire progressivement les différentes tâches suivant les moyens et les appétits du moment.
La structure du récit
La structure classique du récit dans les contes se prête bien à cet exercice d’adaptation. On retrouve ainsi, de manière linéaire : 1. Une situation initiale : une belle cordonnière vivant dans le quartier saint-Michel. 2. Un élément perturbateur : un napolitain du voisinnage souhaite la rendre amoureuse de lui. 3. Le déroulement de l’intrigue : comment le napolitain tente de parvenir à ses fins et les péripéties de l’histoire. 4. Le dénouement de l’histoire : comment le napolitain se fait prendre à son propre piège.
Les personnages de l'histoire
Un premier inventaire des personnages, nous permet de rentrer davantage dans la compréhension du récit. Nous n’avons pas retenu l’enfant messager car il nous est apparu secondaire et notre recherche iconographique nous a contraint a éclipser le personnage.
Les séquences du récit
Le découpage en séquences est le moment clé du projet. Il s’agit ici de détecter les moments où le récit présente des cadres spécifiques en termes de décors, de personnages, et de développement de l’intrigue.
Le choix des plans
Enfin, nous déterminons les plans du Kamishibaï en fonction du découpage du texte. Ce découpage se fait également suivant les contraintes imposées par les résultats de notre recherche iconographique. Recherches en bibliothèque, interrogation des moteurs de recherche sur Internet ; c’est le moment où notre adaptation prend sa forme définitive.
Vue N°1 : Page de titre
Vue N°2 : Le quartier Saint-Michel
Vue N°3 : Les ambitions du napolitain
Vue N°4 : Présentation de la belle cordonnière
Vue N°5 : La visite chez l'apothicaire
Vue N°6 : Les consignes de l'apothicaire
Vue N°7 : Le message à la belle
Vue N°8 : La substitution du lait
Vue N°9 : La chèvre ensorcelée
Vue N°10 : La chèvre rend visite à son amoureux
Vue N°11 : La conclusion de Pierre de l'Estoile
Côté verso : Aperçu d'une page lecteur
Nous reportons l’illustration sur les pages du lecteur afin qu’il puisse bien se repérer dans le récit. Enfin nous tenons à renseigner chacune des peintures avec le nom du peintre, le titre de l’oeuvre et la date de création. Elle vont ainsi au-delà de l’aspect purement illustratif en introduisant la découverte des courants de peinture
Ressource à télécharger
Le paquet à télécharger contient les pages du Kamishibaï de “L’Histoire de Jeanne d’Arc”
8 Comments
Rosenfeld
C’est génial.
J’aimerai participer à ce genre de travail : avec peut-être ma soeur aquarelliste, ma fille, harpiste, nous pourrions illustrer des contes de Gougaud que j’aime : la parole, le conte rouge etc.
Françoise
Henri Sequeira
Bonjour Francoise,
Ce serait une belle initiative! Vous pourriez même en parler directement à Monsieur Gougaud et voir émerger de nouvelles options! Nous serions ravis d’un tel travail. Tenez-nous au courant! @++
VanessaV
Magnifique travail à plus d’un niveau.
J’étais passée trop rapidement sur le kamishibai… j’y voyais bien un intérêt théâtral mais je n’avais pas compris qu’il répondait, en plus, à une de mes demandes: lire le texte en offrant toute l’illustration à la vue del’auditeur.
Et puis j’adore l’idée des cartes heuristiques, c’est fabuleux de clarté et sur un projet pédagogique c’est effectivement parfait.
Je note cette idée de projet, avec enthousiasme… je pique celui-ci et nous allons à la pêche à un autre avec le lutin.
Merci du partage
Henri Sequeira
Salut Vanessa,
Oui, j’insiste sur le Kamishibaï car c’est vraiment un outil fabuleux. Nous avons un nouveau projet avec Kiran d’adaptation d’un conte de Pierre Gripari, et l’idée est de faire son chemin dans la conduite de projet. Nous avançons depuis un bon moment avec les cartes heuristiques et ce sera sans doute l’objet d’un article prochainement tant elles sont adaptées à l’imagination foisonnante de nos enfants. Merci pour ces échanges et à très bientôt!
kamishibayavatar
Bonjour,
Merci de nous faire partager votre expérience remarquable. J’ai vu un jour sur youtube, je crois, une classe qui avait travaillé la mise en scène autour du butaï par des objets en origami. Pour ma pratique de conteur j’ai développé un butaï évolutif (arbre, fusée, tacot, château, appareil photo…). Bien évidemment faut bricoler!
N’hésitez pas à me rendre une petite visite, c’est sur http://kamishibailleur.over-blog.com
Moi, je vais de ce pas exposer votre travail en groupe conte sur mon lieu de travail.
A bientôt
Kamishibayavatar mais appelez-moi Sylvain
Henri Sequeira
Bonjour Sylvain,
Merci de votre visite. Je suis allé voir votre site qui fourmille d’idées géniales qui vont alimenter ma passion pour la fabrication des Butaïs. L’idée du Butaï évolutif ou contextuel est vraiment intéressante et mérite d’être creusée davantage. Un grand Merci pour ces belles idées. Nous continuons de vous suivre sur http://kamishibailleur.over-blog.com. Bonne suite à vous. @++
Aline
Merci, fantastique travail, comme toujours!
Henri Sequeira
Bonjour Aline,
C’est une expérience assez singulière et nous espérons que cela puise trouver un écho notamment dans les pratiques de projet en IEF ou en Classe. Merci pour votre chaleureux accompagnement. A bientôt!