Souvent choisis pour la décoration de la chambre de bébé, les mobiles figurent en bonne place dans toutes les listes de naissance. Ces objets très visuels, soumis aux déplacements d’airs et aux variations de température présentent un spectacle toujours inédit à l’observateur et, pour le nourrisson dont la vision est en cours de maturation, ils constituent en fin de compte un support de choix pour la stimulation et le développement de leur vision.
Les mobiles de Montessori constituent une suite progressive de supports visuels permettant au bébé d’explorer les manifestations du visible en rapport avec les données scientifiques sur les différentes phases d’évolution de la perception visuelle chez le nourrisson.
Nous allons dans cet article présenter le premier mobile issu de cette suite proposée par Maria Montessori : le mobile de Munari.
Apport développemental
- Développement de l’attention
- Stimulation du focus
- Distinctions tonales
- Création d’un environnement esthétique
Éléments de compréhension
L’origine du mobile est bien difficile à déterminer. Pour beaucoup, elle commence avec l’artiste Alexander Calder, au début du XXème siècle qui reste une référence en la matière, même si presque simultanément, d’autres artistes, notamment Alexandre Rodtchenko en Russie ou Bruno Munari, en Italie, réalisent également les premières sculptures aériennes.
On trouve cependant des traces de l’objet suspendu bien plus en amont dans l’histoire. Au XVIIIème siècle, en scandinavie, les Himmelis traditionnels sont réalisés avec des matériaux simples tels que la paille, à l’occasion des fêtes de Noël. Peu avant dans le temps, avec la révolution copernicienne, les modélisations du système héliocentrique prennent la forme de mobiles suspendus.
En remontant le fil du temps, l’aspect visuel du mobile cède la place aux manifestations sonores avec des objets tels que les clochettes à vent connues sous le nom de Fürin, au Japon depuis la période d’Edo (1603-1868). C’est probablement la piste sonore qui nous plonge le plus profond dans le passé jusqu’aux âges préhistoriques où des ossements suspendus produisaient la partition aléatoire du vent même si, les premières traces de ces carillons à vent qui nous soient parvenues, remontent à -3000 avant J.C.
De nos jours, le mobile reste avant tout un objet décoratif. Cependant, chacun pourra constater que c’est un objet qui interpelle le spectateur. Dans le décor statique d’un intérieur domestique, c’est le seul objet qui réagit aux déplacements de ses habitants quand il ne les interpelle pas sous l’impulsion d’un courant d’air. Le mouvement attire le regard ; l’objet, souvent fait de compositions originales fixe l’attention et offre un moment de contemplation à l’homme pris dans le tumulte de ses occupations. C’est dans ce sens que l’artiste italien Bruno Munari crée ses premières sculptures aériennes. Pour lui, ces machines inutiles sont « des objets à regarder comme l’on regarde un groupe mobile de nuages après avoir passé sept heures dans une usine à fabriquer des machines utiles ».


Pour le nourisson, une fois les soins essentiels dispensés, lorsqu’il est calme et reposé, le mobile est un premier support d’exploration du monde pratique. La série de mobiles que propose Maria Montessori accompagne la maturation de la vision de du tout petit, préparant la préhension volontaire et la coordination oculo-motrice.
Ce que nous allons réaliser
Le mobile de Munari est une œuvre balancée et rigoureuse ; Il n’est pas des plus simpes à réaliser. Le but de cet article est de permettre à tout un chacun de le fabriquer en proposant quelques gestes facilitants tout en respectant l’esprit de l’œuvre.
Avec ce tutoriel, nous interpellons les proches de la famille, les amis ou voisins autours desquels un enfant vient au monde. Le mobile de Munari sera un cadeau inestimable à offrir aux jeunes parents à destination du bébé. Un mobile réalisé avec soin restera l’œuvre d’art de Bruno Munari qui pourra servir pour une seconde naissance et finalement habiter un recoin de la maison dans lequel il pourra vivre silencieusement avec ses habitants.
Pour réaliser cette machine inutile de Munari, faite de surfaces géométriques présentant de forts contrastes, nous avons fait le choix du papier bristol sur lequel nous allons imprimer les figures géométriques : 1 Disque, 1 Petit Polygone et un Grand Polygone. Les baguettes de suspension sont taillées dans un bois très léger : le balsa est probablement le matériau idéal, mais également le bois d’ayous est une alternative de choix qui offre légèreté et une relative solidité. Ces tourillons de bois seront peints avec des peintures acryliques noire et blanche. En ce qui concerne la suspension, Bruno Munari évoque le fil de soie, « idéal pour disperser la torsion ».
Idéalement, nous utiliserons une boule de verre transparente de 60mm de diamètre ou à défaut une boule de plastique, qui servira de référence à l’ensemble du mobile.

Nous choisissons dans notre cas une boule transparente de 60mm.

Cette dimension de référence permet de créer les formes successives du mobile. Ici : on retrouve le diamètre de la boule dans nos cercles centraux. Notre disque de base a un diamètre de A + 1/3, soit 60mm + 20mm

Ces proportions se reportent sur le petit polygone avec un resserrement central de 60mm et des ailettes qui s’évasent jusqu’à 80mm.

L’échancrure est plus prononcée sur le grand polygone avec un resserrement central ramené à 40mm pour une hauteur de forme double.

La référence à la boule transparente s’applique également à la longueur des baguettes.
Ce qu'il nous faut
- 1 tourillon d’ayous (5mm de diamètre)
- 1 rouleau d’adhésif de masquage
- 1 bobine de fil de soie blanc (0,35mm)
- 2 feuilles de papier bristol au format A4 (300g)
- 1 pot de colle blanche
- 1 pot de peinture acrylique blanche
- 1 pot de peinture acrylique noire
- 1 cutter
- 1 cutter circulaire ou une paire de ciseaux
- 1 petit pinceau plat (pour la colle)
- 1 petit pinceau plat (pour la peinture)
- 1 petite scie à main
- 1 tapis de coupe (un calendrier mural)
- 1 petite règle (double décimètre)
- 1 petit chiffon
Les étapes de réalisation

Nous commençons par imprimer les formes géométriques du mobile sur du papier de grammage moyen (160g). Ces formes à imprimer sont dans le livret disponible au téléchargement, en fin d’article.

Nous découpons soigneusement chacune des formes de la face A. Pour les polygones, le cutter est l’outil idéal ; pour le disque, une paire de ciseaux et une bonne dose d’attention nous permettra d’obtenir une belle découpe.

Nous faisons de même pour les figures géométriques de la face B présents sur la deuxième page des éléments à imprimer du livret.

Nous nous penchons à présent sur le grand polygone : nous allons coller dos à dos la face A et la face B, en profitant pour y accrocher le fil de suspension. On peut prévoir des longueurs de fil confortables pour pouvoir faire le réglage de suspension par la suite.

Pareillement pour le petit polygone.

Et enfin nous terminons par assembler les deux faces du disque, également dos à dos.

Nous préparons également notre boule transparente pour la suspension.


À ce stade, nous nous retrouvons avec nos formes géométriques et notre boule transparente accrochées à des longueurs de fils de soie. Nous allons commencer la suspension de tous ces éléments aux différentes baguettes. L’image ci-dessus nous donne les repères pour la suspension et les bonnes longueurs de fil.

Pour l’installation des fils, la technique est la suivante : on commence par le bas et on remonte progressivement sur les étages supérieurs du mobile. Pour attacher les fils au baguettes, le fameux nœud de cabestan nous offrira le confort de pouvoir faire des ajustements de longueurs vérifiés avec une régle graduée, jusqu’à trouver la bonne mesure. Les nœuds ne doivent pas être trop serrés afin de permettre au fils de glisser le long des tiges et assurer l’équilibrage du mobile.
Pour l’équilibrage du mobile, la technique est la suivante : on commence par le haut et on descend progressivement vers les étages inférieurs. L’idéal est de réaliser un équilibrage “à la louche” à plat sur une table et ensuite de suspendre le mobile par son fil principal. Le mobile étant ainsi suspendu, nous allons tranquillement affiner la balance du mobile. D’une manière générale, les nœuds sont positionnés à 20mm des extrémités des baguettes. Remarquons sur l’image les flèches qui se déclinent en dégradés : elles nous indiquent les fils pour lesquels le point de suspension n’est pas déterminé, nous agirons dessus pour assurer la balance du dispositif.
Ce que nous avons réalisé

Ressources à télécharger
Livret contenant les patrons à imprimer et les instructions de montage pour le Mobile de Munari.

16 Comments
marie hubert
bonjour!
je suis une toute nouvelle grand-mère et j’ai trouvé très facile la réalisation du mobile pour me simplifier la tâche je l’ai ajuster et équilibré une fois pendu et c’est plus facile, en faisant glisser et ensuite bien bloquer les noeuds
merci Mamounette
Katty
Bonjour!
Tu as écrit –
2 feuilles de papier bristol au format A4 (300g)
Ensuite-
Nous commençons par imprimer les formes géométriques du mobile sur du papier de grammage moyen (160g). Ces formes à imprimer sont dans le livret disponible au téléchargement, en fin d’article.
Quelle option est correcte?
Le poids de la balle est-il important? J’ai du verre mais c’est assez léger!
Merci beaucoup
Henri Sequeira
Bonjour Katty,
Pour le grammage du papier, optez pour le 160g si vous devez l’imprimer sur votre imprimante maison. Pour la balle, le verre est la solution d’origine proposée par Munari et Montessori ; c’est top! Bon bricolage à vous @++
Carole Brouwers
Merci pour ce très cool diy ! Comme je n’ai pas trop le temps avec mon petit lou, j’ai trouvé ce livre avec les images déjà toutes faites : https://amzn.to/34KTJiJ . Très pratique aussi! ;)
Vanessa
Bonjour
Je n arrive absolument pas à équilibrer le mobile. En particulier au niveau de la barre noire. Ça me parait assez logique, étant donné la repartition du poids. Avez vous des conseils sur ce point.
Jai galéré avec les noueuds aussi. Pourtant j ai vu la vidéo des maternelles. Mais il faut arrêter ce noeud sinon il se defait tout le temps. J ai du en refaire plusieurs, de nombreuses fois.
Je me suis demandée si le but de la conception de ce mobile n était pas de préparer la patience du parent ;-)
Merci en tout cas.
J aurai peut-être du commencer par un plus facile.
Henri Sequeira
Bonjour Vanessa,
Vous avez raison, le mobile de Munari n’est pas du tout facile à équilibrer et met les plus patients à l’épreuve. Mes conseils sont les suivants :
– Prendre son temps pour l’équilibrage et avoir un plan de travail suffisamment spacieux
– Traiter le mobile étage par étage ; commencer par le bas (la barre noire et blanche). placer les 2 éléments mobiles puis le fil de suspension. Équilibrez cette partie avec soin, puis bloquer toutes les attaches (double nœud).
– Passer à l’étage supérieur (la barre noire). les fils de suspension doivent être relativement serrés sur les barres ; les déplacer du bout des ongles pour obtenir le point d’équilibre puis à nouveau, bloquer les attaches.
– Enfin faire de même pour l’étage supérieur. Parfois, ça se jour au quart de mm! Faire les derniers ajustements sur le lieu où le mobile va être suspendu. Une fois en équilibre, laissez-le en place.
– Souvenez vous que les éléments mobiles restent fixes ; ce sont les fils de suspension d’un étage à l’autre ont besoin d’être déplacés.
Bon courage à vous. Tenez-moi au courant.
@++
lyne
merci beaucoup, un site très intéréssant
Camille
Bonjour,
Merci pour tous vos articles. Je lisais vos tutoriels de mobiles Montessori durant ma grossesse. Mais mon bébé est arrivé plus tôt que prévu et est un grand prématuré. Sauriez-vous si je peux lui faire profiter des mobiles en tenant compte comme un enfant né à terme? Ou faut-il que j’attende qu’il grandisse et que je prenne la date prévue de mon accouchement comme point de départ?
Merci d’avance
Henri Sequeira
Bonjour Camille,
Je m’excuse de vous répondre si tard, je n’ai pris connaissance de votre mail que récemment car je suis mobilisé par différents postes de travail. J’espère que vous et votre bébé vous portez au mieux.
Concernant le mobile, je vous aurais conseillé de le lui présenter, même si probablement le développement de la vision de votre bébé n’était pas mature, puis de le présenter à nouveau plus tard. Il n’y a pas de contre indication dans l’utilisation des mobiles, Il s’agit juste de se positionner sur la bonne fenêtre d’opportunité. Pour votre bout’ chou, c’est difficile à déterminer, mais les renseignements que vous apportent l’équipe de soins permettront de vous adapter. Vous pouvez tout à fait refaire le cycle de présentation des mobiles plusieurs fois. Vous verrez lorsque le regard de votre bébé interrogera les formes qui défileront devant lui.
J’espère que ce message vous aura aidé. Je vous souhaite le meilleur pour votre aventure de parentalité.
Bien à vous
Henri Séqueira
Capucine
Ils sont géniaux vos tutos!! Je n’ai pas trouvé de bois d’ayous ici en Irlande, mais avec une baguette de maquettisme, ca marche aussi! En plus, je peux passer les fils a travers avec une aiguille, c’est plus stable ;)
Merci!!
Rochedy
Bonjour
Merci pour ce tuto très précis et complet !
Comment conseillez vous ensuite de l’installer ? Sur un portique, cela nous paraît trop bas …
Henri Sequeira
Bonjour Emeline,
Désolé pour le temps de réponse, nous étions un par monts et par vaux en ce mois d’août. Effectivement, un portique serait trop bas. Le mieux est d’accrocher une fixation au plafond ; ainsi, la lecture du mobile ne sera pas parasitée par un portant. Merci de votre intérêt et bonne suite à vous. @++
Alexie
Bonjour,
J’habite sur l’île de la Réunion, savez-vous où est-il possible de se procurer les tourillons ?
Merci
Henri Sequeira
Bonjour Vanessa,
Vous trouverez les tourillons dans les enseignes de bricolage telles que M. Bricolage ou leroy Merlin. Bon bricolage à vous. @++
Fabien
Bonjour,
Juste pour vous remercier de vos plans, merci pour ce super partage!
Pauline
Merci !